Extrait du recueil de poésies "Bohémies"

Des poésies maintenant, on aura tout lu !


Sommaire

Papillon surpris

Un papillon,
Sorti du lit
Tout pâle, tout gris
Comme je l'interrogeai
Lâcha ce cri :
Attendez,
Je ne suis pas poudré !

Pêcheur de nuage

Pour pêcher un nuage,
Il ne sied d'être sage
Fixe bien ton hameçon
Au cerf-volant tout de bon
 
Elève le d'un coup
Déroule le fil jusqu'au bout
Du nuage, chatouille le menton
Et ferre le par le fond.
 
Laisse le se débattre
Qu'il pèse son sort
Sens son poids dans tes mains
Et fais jouer le tien.
 
Relâche le alors
A quoi bon sa mort ?
Tu l'attacherais à ta maison
Pour qu'il arrose le gazon ?
 
Regarde le partir
Te lancer un sourire
Respecte sa nature
La vie sera plus pure.

Elle marchait

Elle marchait en sens contraire,
Pieds nus, lentement,
Si lentement qu'elle paraissait immobile
Et les passants filés,
Déchirés presque sur elle
Tout surpris de la trouver là
A contre courant du temps.
 
Elle s'arrêta là devant moi,
S'étira, les bras en croix,
Arrêtant le flot pressé énervé
D'avoir perdu deux pas à éviter ses doigts,
son énergie.
 
Une petite bohémienne la quémanda :
Elle lui donna tout ce qu'elle avait,
Un citron et un sucre.
La mère gifla l'enfant pour avoir accepté
Au lieu de demander de l'argent.
 
Elle venait du Pérou,
Elle cherchait dans la grande ville,
Au hasard des rues,
Un ami qui jouait de la flûte.
 
Nous parcourûmes le temps,
Elle me montra du doigt un arbre
Dans lequel elle avait dormi,
Un canard, qui l'avait réveillé,
Le soleil, qui l'avait réchauffé.
 
Elle avait faim, je lui proposai tout.
Elle accepta une pomme qu'elle respira longuement
Avant de la croquer, jouissant de chaque bouchée
Régalant chaque papille.
 
Puis elle dût partir, un nuage l'attendait, plus au sud.
Je lui laissai mon adresse sur une grande feuille.
Elle me remercia pour le papier,
Elle y écrirait ses poèmes qu'elle égrainerait dans le vent.
 
Elle disparut.
Je me remis à courir.

Détail oublié

Et si l'on disait au gamin de trois ans : "Ne joue pas maintenant, retiens ton innocence pour plus tard."
Et si l'on disait à l'enfant de neuf ans : "Ne rêve pas ainsi, garde ton imagination pour après."
Et si l'on empêchait les adolescentes complices d'éclater de rire pour un regard, qu'elles conservent leur printemps pour l'hiver.
Et si l'on interdisait l'amour aux jeunes gens: "Remettez à demain, préparez-vous pour l'avenir."
Non, vous me diriez: "Ce n'est pas sérieux., on ne joue plus comme le gamin, on ne croit plus comme l'enfant, on ne rit plus comme l'adolescent, on s'embrasse autrement que les jeunes gens."
Et aujourd'hui on me dit: "Travaillez, mon ami, ne levez pas le nez jusqu'à soixante-cinq ans. Vous vivrez après. Mettez de côté, il sera toujours temps."
Subitement, j'ai un doute. Et si quelque chose nous avait échappé ?

Ile

Au centre de la vague, l'ombre se tait dans la lumière, et l'explosion de diamants, hauts dans le ciel, lave de ses nuages la voûte en éveil. De temps à autre, un joyau, resté accroché, ramène la pluie à la mer.
Rien ne retient l'arbre en ce sommet, que la paix.
La vie en rose.
Quand renaît la nuit, parfois, l'arbre songeur voit se superposer exactement les pierreries tendues aux étoiles lointaines.

Bohèmies

Est un recueil d'environ soixante poésies écrites et déposées par Krystov Lansade © 1991 © 2003.

http://www.lansade.com/histoir/boe.htm  -  V1.0.1 - 01/09/2003  -  ©Lansade Krystov